
Deuxième de jour de stage et j'aurais déjà de quoi remplir mon rapport. Je m'attendais à un stage où j'allais m'ennuyer, ou on me laisserait dans mon coin. Mais non. Je dispose déjà d'un badge d'accès, de tickets resto, d'une adresse mail professionnelle (je suis sûre que bientôt j'aurai des cartes de visite à mon nom). Je n'avais jamais connu une telle efficacité, ma référence étant l'université...
Arrivée à 9h05, je pensais être en retard mais le bureau était presque vide. Et ce n'est pas un open space sans âme mais une pièce lumineuse avec des plafonds de 5 mètres, des moulures, une cheminée surmontée d'un immense miroir. Presque la galerie des glaces. J'ai remarqué que les plantes crèvent et que les mugs à thé sont encrassés. J'ai compris pourquoi: pas le temps.
Après avoir entamé la rédaction du compte rendu de la réunion d'hier, j'ai enchainé avec une autre réunion. Un gars qui a inventé une imprimante écolo, biodégradable et avec de la cire. Et un CR en plus à rédiger! J'ai constaté qu'en plus, durant les réunions, les « collègues » supérieurs envoient des mails avec des tâches annexes. Du genre peux-tu inscrire l'entreprise dans l'annuaire des entreprises éco responsables. Autre réunion après le déjeuner, avec un mec qui fait dans la voiture électrique. Le big boss me convoque « je veux qu'on développe une relation privilégiée ». Je dois être celle qui pense à tout logistiquement parlant. Nouveaux réflexes: toujours avoir des cartes de visite de Monsieur avec moi, et mon portable à proximité si besoin. Bosser pour trois personnes risque de me causer des crises de schizophrénie mais je vois plein d'aspects de ce boulot à cent à l'heure.
18h30, fin de la journée. On sort le champagne car un des employés part au Brésil. Dommage, il avait l'air drôle. Fatiguée, après un verre, je suis déjà pompette. Ma journée ne s'achève pas. Le boss qui intervient lors d'une conférence à Science po a besoin de mon assistance. Comme on était en retard, encore une fois, j'ai piqué un sprint. Heureusement, j'ai fait une croix sur les escarpins. Un pv sur le coupé noir, l'iphone en main pour l'itinéraire. « Si je te laisse garer ma voiture ça te gêne? ». Oui. Qui plus est à Paris, aux heures de pointe, dans des ruelles bondées, avec la belle caisse à mon supérieur.
Du coup, dans ma série de lieux people (studios de Lepers, Assemblée Nationale, Ministère...), je peux rajouter la prestigieuse école Science Po Paris. Lors de l'intervention du boss, j'ai appris qu'il avait fait les beaux arts, avait passé 2 ans en Angleterre, avait bossé dans la com avant de monter son entreprise. Par la même occasion, j'ai appris que nous étions côtés en bourse et dotés d'une bonne réputation.
Avec tout ça, je suis rentrée à 21h30. J'ai déjà du travail qui s'est accumulé. Je comprends pourquoi Gaëlle qui me supervise est surnommée Shiva, il faut avoir plusieurs bras dans ce métier.