mardi 29 septembre 2009

30.09.2009


J'ai trouvé un nouveau jeu: attribuer des points « La France tu l'aimes » quand je juge quelque chose comme positif; et des points « tu la quittes » quand des trucs m'exaspèrent. Dans quelques mois, l'heure du bilan sonnera...

Aujourd'hui, 29 septembre, jour de mon déménagement: 2 points « tu la quittes ».

Le premier à cause de la SNCF.
J'arrive vingt minutes à l'avance à la gare pour retirer calmement mon billet prépayé sur internet et traîner en toute sérénité mes trois valises. OR, dans le hall de la gare, une seule borne de retrait fonctionne, et au ralenti en plus. File d'attente interminable aux guichets bien sûr. Pendant ce temps, la femme de l'accueil discute avec son collègue et ne fait rien. Bien. Je saute dans le train sans billet. Nonchalance des contrôleurs qui se la coulent douce au wagon-bar. Je dois repayer 73 euros car « c'est la procédure »; il paraît que je vais être remboursée. J'attends de voir. Et, le dicton du jour est « Mieux vaut un tien que deux tu l'auras ».
Etat français procédurier donc, mais aussi policier. Les contrôles s'effectuent sur le regard bienveillant de quatre flics. Et le fait de n'avoir rien à se reprocher ne justifie en rien leur présence.
En résumé, je vis ce voyage en pensant « la SNCF me stresse, me flique et pompe mon fric » - ça n'arriverait jamais à Londres (d'où le point « Tu la quittes »).

2ème point à cause des taxis parisiens au coût trop élevé. Alors, pour aller de la gare à Courbevoie j'ai fait appel à des amis. Dommage, ici on ne négocie pas avec les conducteurs. Ca me plaisait bien de marchander avec les drivers indiens de Londres – au risque de me faire arnaquer au final.

Prochainement, attribution des points concernant le système universitaire.

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Il est 1h du mat', je viens de finir de défaire mes valises. Déjà, j'ai commencé à décorer et personnaliser ma chambre, histoire d'avoir mes repères.

Arrivée à la gare Montparnasse avec dix minutes de retard (un vieux qui s'est trompé de train n'y est pas pour rien, nous avons du faire un arrêt à Angoulême spécialement pour lui), Ophélie et Ludo m'attendaient sur le quai. Heureusement car je n'avais pas assez de bras pour tous mes bagages.

Petit tour en voiture donc, dans Paris la nuit. Pour la tour Eiffel qui scintille, j'attribue un point « La France tu l'aimes ». Pour la mauvaise signalisation, l'absence de marquage au sol et l'attitude anti-civique des conducteurs parisiens, je donne un point « tu la quittes ». Pour le verre de Bordeaux bu à mon arrivée avec mes colocataires, j'attribue un point « tu l'aimes » (même si le vin n'était pas si excellent que ça).

Voilà, j'ai posé mes valises mais il me reste encore beaucoup à faire...

*Bonus: la chanson qui va avec, Place 54 d'Hocus Pocus.
*Score: Tu la quittes 3 - Tu l'aimes 2.

lundi 28 septembre 2009

28.09.2009



La première fois que je suis allée à Paris j'avais cinq ans, et c'était un peu grâce à Cendrillon. J'avais reçu le 25 décembre 1991 ma première cassette vidéo racontant les mésaventures de la souillon et son ascension fulgurante. A la fin du film, un court-métrage annonçait l'ouverture prochaine du parc « eurodisney ». Ma mère et ma tante étaient tombées sous le charme du slogan «bientôt,  le rêve devient réalité » alors que j'étais plus sous celui du prince.

Un an plus tard, on débarquait à Paris. Je portais un manteau en fausse fourrure blanche; ma mère avait le même, et notre charmant binôme découvrait la tour Eiffel. Après un tour de bateau mouche, avoir vu la Joconde et allumé un cierge à Notre Dame, nous avions atterri chez les cow-boys. J'étais dégoutée, nous séjournions dans l'hôtel le plus bon marché du parc Disney, avec une déco country qui n'avait rien de magique. De plus, pas l'ombre d'une mascotte de Minnie ou Mickey comme l'avais promis la publicité. Ma mère m'expliquait alors que le privilège de déjeuner en compagnie des créatures Disney était réservé aux enfants de riches qui dormaient dans le plus bel hôtel-et portaient des manteaux en fourrure véritable. Heureusement, le lendemain, je croisais les mascottes dans le parc, ma mère me prenait en photo et j'oubliais cette injustice.

17 ans plus tard, je me dis qu'il pourrait être sympa de revenir à Disneyland. Mais j'ai peur d'être déçue. Le château de la belle au bois dormant m'avait semblé immense, j'avais eu peur dans le manoir hanté, des pirates, lorsqu'on était entrés dans la gueule de la baleine Pinnochio et lorsque nous avions survolé Londres by night avec Peter Pan.

On avait même vu un film 3D avec Mickael Jackson. Ca doit toujours faire un tabac.

jeudi 10 septembre 2009

10.09.2009



Les parisiens sont des gens simples. Ils ont une vision binaire du monde: Paris et la province. Aux mieux, ternaire pour les personnes les plus nuancées: Paris, la banlieue, la province. Je ne sais même pas ce que c'est la province. A Londres au moins les gens ne considéraient même pas ce qu'il y avait en dehors de la capitale, pas de mépris, juste un no man's land. Et quelques pubs.
Ici, on ne dit pas « je déménage à Toulouse » mais « je pars en province » - comme s'il s'agissait d'un autre pays. Certes, le mode de vie n'est pas le même quand on vit dans une capitale mais en province le métro, internet et la presse gratuite existent aussi (indicateurs de développement).

Bref.

J'ai beaucoup stressé, ai beaucoup planifié dans le vent, imaginé ce que pourrait être mon année hors province, à Paris. Et la vie est pleine de surprises. Je me voyais dans un petit appart au coeur de la ville, en collocation avec des inconnus; je me voyais me ruiner pour payer mon loyer et des billets eurostar, ou des trajets Paris-province; je me voyais comme une tâche d'encre sur la marge d'une copie, comme une intruse dans une fac de bourgeois presque nationalistes (plus par tradition que conviction); je me voyais fonder un journal étudiant d'opposition; Le Cercle, l'association extrêmiste cachée de la fac Panthéon-Assas m'aurait envoyé des lettres de menace; je me voyais arracher des affiches du FN; faire le sieste dans le jardin du Luxembourg entre midi et deux.

Finalement, j'ai reçu un coup de fil. Et je vais à Nanterre, dans la fac de gauchistes, implantée dans une ville communiste, perpétuant l'héritage de mai 68. Finalement je vais faire dans le développement durable. Finalement, je n'ai pas galéré pour trouver un appart mais ai été pistonnée. Finalement je vais vivre à Courbevoie chez les riches, dans une maison avec 6 chambres, grand salon et jardin.

Je me suis inscrite après mille et une péripéties. Je connais tous les bâtiments de la fac. Il y a même un cour de tennis et une piscine. J'ai du faire la queue pour m'inscrire, au milieu des première année, et je trouve ça insultant. J'avais envie de leur dire que 70% d'entre eux encombraient, perdaient leur temps et me faisaient perdre le mien. Comme si j'étais au sein d'un jeu de télé réalité et que je savais d'avance quels candidats allaient être éliminés.

Dans quinze jours je vais officiellement quitter « la province ». Et c'est là que ça va devenir vraiment intéressant.