mardi 27 avril 2010

27.04.2010


Aujourd'hui, j'ai vu une femme coincer son talon entre deux pavés et s'étaler de tout son long sur les Champs. Elle s'est relevé avec tellement de dignité que j'ai faillit la féliciter.

Le boss m'avait donné une bague pour que j'aille la faire estimer à l'occasion. Il doit penser que les femmes font du shopping tout le temps et aiment trainer dans les bijouteries. Alors que le précieux trainait dans mon tiroir depuis un bon moment, je me suis décidée à aller voir un expert.
La première estimation a été effectuée par un vieux qui ne trouvait plus sa loupe mais qui m'a dit d'aller au bureau de change en face car « ça se vend au prix de l'or ». Jugeant son expertise à l'oeil nu un peu rapide, je suis allée consulter le bijoutier d'à côté.
Le chinois était occupé dans son arrière boutique quand je suis arrivée avec une bague « retrouvée ». Il s'est agité dans tous les sens en ricanant. « Vous l'avez trouvée? Mais on ne trouve pas de bagues! ». J'ai dit que c'était à mon grand père. Il s'est agité de plus belle. « Ils disent tous ça! ». Je ne voyais pas où il voulait en venir. Encore moins quand il m'a demandé « où vous l'avez trouvée cette bague? ». Soudain, j'ai eu le désagréable sentiment qu'aurait eu le complice du voleur de la Joconde en se présentant devant un marchand d'art et demandant innocemment « vous pouvez me dire qui a peint ce portrait de femme et ce que ça vaut? ».

Le chinois a dit avec son accent saccadé « vous l'avez achetée aux Roumains dans la rue? ». Il a insisté. J'ai voulu le remettre sur le droit chemin « Enfin Monsieur, ça ne vous regarde pas, dites moi juste ce que ça vaut. Et puis pourquoi j'irai acheter des bijoux dans la rue à des Roumains? Je ne savais même pas que ça existait ces choses là! ». Le bijoutier chinois est sorti de derrière son comptoir. Il s'est mis à mimer le Roumain qui jette un anneau, le ramasse, puis le tend au touriste qui passe en disant « Monsieur vous avez perdu ça ». Et là, le touriste qui n'a rien perdu s'étonne qu'on lui rapporte un bijou qui n'est pas à lui. Le Roumain fait mine de s'étonner aussi « oh mais regardez, derrière il y a écrit 18 carats! C'est trop beau pour mes mains crasseuses, je n'en ferai rien, je vous la laisse contre une petite contribution car moi qui n'ai rien à bouffer vous comprenez bien que je ne vais pas porter de l'or ». Et le touriste, interloqué, naïf, se passe une bague en toc au doigt du même temps qu'il donne au gentil Roumain vertueux deux billets de 20€ ».

Cette leçon vaut bien un fromage sans doute.

J'ai ramené la bague au boss, lui racontant les épisodes des bijoutiers. Il a déclaré avoir trouvé cette bague abandonnée sur les pavés des Champs Elysées...

Tout ce qui brille n'est pas or.
Le chinois avait raison.

lundi 26 avril 2010

26.04.2010


Ce matin je n'avais vraiment pas envie de me lever. C'est dur le lundi. Puis comme je suis bien dans ma nouvelle chambre, c'est encore plus dur de s'extraire du lit...

Hier je me suis baladée dans Paris avec Audrey. Nous avons d'abord visité le Panthéon où reposent les grand Hommes – Marie Curie est la seule femme, pour la parité il faudra repasser. Dans la crypte qui fait peur on trouve: le coeur de Gambetta, Hugo, Zola, Voltaire, Rousseau... Bizarre cette reconnaissance de la patrie. Je me demande si entrer au Panthéon va devenir aussi banal que la légion d'honneur et deviendra accessible à Johnny et aux miss France. En plus il reste plein de place dans la crypte...

On s'est promenées vers Jussieu, St Germain. J'ai découvert les Arènes de Lutèce. A la place des gladiateurs on trouve aujourd'hui quelques sudistes qui jouent à la pétanque, des gamins de toutes les origines qui ne rechignent pas à faire partie de la même équipe et des top models sur les bancs. Après avoir descendue la rue Mouffetard, on a fait une halte à la mosquée de Paris pour un thé à la menthe dans une cour paradisiaque bondée de monde, une odeur de chicha planait dans l'air. On a continué notre périple le long des quais de Seine, passant devant les bouquinistes. A Châtelet, j'ai enfin pris le métro pour rentrer.

Ce soir, j'ai trouvé une carte postale du Brésil dans ma boite à lettres, avec une plage de sable fin.
Après le boulot, j'ai pris un verre (8€20 le demi dans le quartier) avec mes collègues et un ex employé qui va partir au Brésil dans un mois. Il prend des cours de Portugais intensif. Lui aussi nous enverra sûrement des cartes postales.

J'ai vu les photos du mariage à Pascale. Je repense à cette photo où on devait avoir à peine 2 ans et on jouait aux cubes en culottes courtes mode été 1989. Puis il y a la série de photos de classe allant de nos portraits de gamines espiègles à l'âge ingrat du collège. Des fois, je me demande si je vis dans un monde parallèle, je me demande si je ne suis pas « intégrée » au microcosme dans lequel j'ai pourtant grandi. En tous cas, je n'étais pas invitée. Ca m'indiffère mais ne me rajeuni pas après réflexion. Des cents lignes copiées et des séances à genoux sur les cailloux imposées par son père, Pascale a du garder des séquelles, des rancoeurs. Tout ça parce qu'elle n'était pas la meilleure en classe. C'était moi.

(Il y a 24 ans: Tchernobyl)

samedi 24 avril 2010

24.04.2010


Mon nouveau rythme de vie inclue désormais des verres bus en afterwork.

Jeudi soir j'ai vu Jimmy à Bastille, on a pris un mojito puis bien sur il a insisté pour qu'on fasse un tour du quartier (en passant par la place des Vosges et St Paul comme d'habitude). Sur la place, l'immeuble où Madame de Sévignée est née est squaté par un collectif d'artistes militants. Sur la façade, des banderoles affichent les chiffres affligeants des mal logés ou sans logement à Paris.

Hier soir, il faisait beau alors direction le pub au bord du canal St Martin pour une pinte avec l'élite du Master. Des adultes jouent au bateau téléguidé sur l'eau vaseuse. Je préfère quand la nuit commence à tomber et que les lumières se reflètent à la surface.

Aujourd'hui, j'ai changé de chambre. J'aimais bien ma petite chambre ensoleillée avec vue sur le faisceau de la tour Eiffel mais désormais j'ai une chambre plus grande avec vue sur le jardin et j'avoue que c'est pas mal non plus.

Ce soir je vois Audrey, la soeur jumelle à Delphine. Elle doit me montrer son appartement parisien où je ne suis jamais allée.

Comme il fait beau, demain se sera sûrement balade sur les quais de Seine, ou bien les Buttes Chaumont.

mercredi 21 avril 2010

21.04.2010



Dans la rame de la ligne 1 du métro, qui rassemble touristes et business executives, il y a souvent des musiciens.
Et je surprends le sourire étonné de touristes américains qui se disent que Paris est comme ils l'imaginaient: on y joue de l'accordéon partout, surtout du Piaf.
Cette vieille parisienne aussi semble ravie du spectacle gratuit qui s'offre à elle. Même si elle pense que c'est bien dommage qu'aujourd'hui il n'y ait que les jeunes des Balkans sans le sous pour réinterpréter les classiques du musette. Je sais que ça lui rappelle sa jeunesse, les bals et cette soirée du 14 juillet 1958.

*1 point "tu l'aimes".

dimanche 18 avril 2010

18.04.2010


Une page s'est tournée: jeudi j'ai sorti mes talons et j'ai soutenu notre étude devant ma promotion, un jury. On est allés boire un verre vers Chatelet pour fêter ça.

Hier j'ai pris un café avec Josiane. On s'est ensuite baladées dans St Michel.

Cet après-midi, je suis allée au musée Monet Marmottan avec une copine, Linda qui est en stage au Nouvel Obs. Dans les jardins du 16°, les enfants de riches faisaient du poney, les arbustes étaient couverts de fleurs, les jeunes mères juives promenaient leurs enfants.

On a pris un café en terrasse et pour la deuxième fois en deux jours j'ai compris le sens du mot « compact ». Quand on passe dans la rue, on pense naïvement que les gens qui sirotent un verre en terrasse sont bien. On pense ça car pour une fois, il fait beau, et c'est dimanche. Alors, dès qu'on voit un café avec une table pour deux, on n'hésite pas, on fonce. Probablement l'instinct grégaire. Au bout de 5 minutes, on est en sueur. On ne peut pas bouger car on dispose de 20cm carrés. La terrasse est tout un business permettant d'attirer le client, mieux il y en a mieux c'est. Il fait chaud mais par soucis d'économie on a quand même pris un café (2€50 en moyenne contre 4€50 pour un coca) – agrémenté d'un verre d'eau du robinet. Sans compter l'attitude désinvolte du serveur parisien. On en ressort le jean moite car les chaises ne sont même pas en rotin mais en fibre synthétique, on a pris un bol d'air de pollution, et la fille d'à côté n'a fait que fumer.

J'exagère à peine.

Malgré ça, on aime ça les terrasses à Paris.

Si bien que ce soir, j'ai pris un verre à Pigalle avec Aude mon ex colocataire.

Alizée a déménagé ce week-end pour un appart dans Paris intra muros. Moi, je reste dans l'Upper West Side où me rejoindront bientôt deux filles que je ne connais pas : Zora et Camille.

Voilà.

mardi 13 avril 2010

13.04.2010


Faut croire que le vent tourne. Il y a peu, je recevais encore des réponses négatives à mes candidatures de stage. Maintenant, le boss m'envoie environ tous les deux jours des CV de gens qui ont postulé pour des stages ou un emploi. Il marque juste « négatif ». Je me dis que si on était dans un monde moins formel, on noterait juste « négatif » - ou « affirmatif ». Mais non. Alors je fais mine de regarder le CV de l'inconnu recalé, histoire de savoir si je dois commencer mon mail formel par « Mademoiselle » ou « Monsieur ».

Après-demain, je présente mon projet pour le PUCA devant ma promotion, les professeurs, les commanditaires... Tout le gratin. Je ne stresse même pas.

Je suis allée au magasin Nespresso sur « les Champs ». C'était immense et luxueux. What else? Rien.

PS: Dédicace à tous les inconnus du métro

vendredi 9 avril 2010

09.04.2010


Tous les matins, je remonte les champs Elysées, ou je les redescends, tout dépend du point de vu. L'atmosphère est assez business à cette heure là et les gens tentent d'accélérer le pas pour arriver au travail à l'heure. Pas si évident lorsqu'on est engoncé dans un costume ou qu'on porte des talons haut (et qu'en plus les pavés sont humides).

Le soir, la population est plus variée. La business class fatiguée par cette journée doit slalomer entre des touristes Espagnols, Japonais ou bien Suédois qui prennent la pose devant l'arc de triomphe. Bizarre de se dire que certains sont en voyage, d'autres ne verront Paris qu'en carte postale, et que pour vous c'est juste le quotidien.

Nouveau quotidien. Nouveaux réflexes. Au début on cherche son chemin dans les couloirs du métro pour ne pas se tromper de ligne ou de direction, puis avec le temps, on passe au mode automatique sans même y penser. Puis vous remarquez que ce type qui fait la manche avec un gobelet vert tous les matins est toujours assis sur la même marche. Jusqu'au jour où il fait juste partie du paysage.

Hier, des chinois (au moins 6) se sont installés à côté de moi dans le métro. Je me suis dit que ce n'était pas des mythes et que l'invasion avait bel et bien commencée. Une des chinoises m'a montré un guide touristique incompréhensible mais avec une photo du Louvre. Elle demandait la direction mais ne parlait ni français ni anglais. J'ai vaguement montré sur une carte de métro le chemin à prendre mais je sortais à l'arrêt suivant et n'ai pas pu m'attarder. Je me demande s'ils ont fini par trouver et s'ils ont fait une photo de Mona Lisa.

mardi 6 avril 2010

06.04.2010


J'ignore comment il se peut qu'on soit déjà le 6 du mois. Probablement la faille temporelle de ce week-end prolongé aura t-elle contribué à me faire perdre le fil.

Pâques. Journée perdue passée à se gaver. Overdose de chocolats.

Le lundi, je suis allée me balader avec Marlène. J'avais besoin de nature. Sur notre chemin, des chèvres nous ont suivi le long de leur enclos. Il faisait beau.

Ce matin, de nouveau dans le train. La prochaine fois, je prends l'avion!

De retour à Paris, microcosme qui se prend pour le centre du monde, le rythme s'est à nouveau accéléré. RDV de travail à la fac pour boucler notre étude puis danse africaine pour me défouler.

Demain, je reprends le stage.

Il me tarde ce week-end.

samedi 3 avril 2010

03.04.2010


Rentrée à la maison pour le week-end de Pâques. Comme d'habitude, cet environnement trop calme pour être vrai semble être un autre monde. On est loin de l'agitation de ma vie parisienne...

Le rythme du stage s'est calmé, je maîtrise mieux les demandes de nos clients. Je pense que dans 6 mois, je serai plus qu'opérationelle. Tout le monde aime son boulot à l'agence et ça fait plaisir.

J'ai pris le train de nuit hier soir depuis Montparnasse. Je le sentais mal: wagon bondé, bébé juste devant moi (qui n'a pas bronché en fin de compte), annonces intempestives (« notre départ est retardé suite au malaise d'un passager » ou « venez vous éclater dans la voiture 4 où vous trouverez un bar à cocktail animé par DJ Linda »). Je voulais juste dormir. Pour se parer de la lumière aveuglante, mon voisin avait noué son écharpe autour de son crâne afin de se bander les yeux. Je ne sais pas pourquoi, mais dans ce genre de situation où l'on manque d'espace pour étendre ses jambes, où l'on ne peut appuyer sa tête nulle part, on reste tout de même persuadé qu'on va finir par trouver LA position confortable propice au sommeil. Finalement, après 2h de lutte, de tentatives, on finit par tomber de fatigue, la tête ballante et les jambes recroquevillées.

Pour me remettre de cette nuit, je me suis fait faire le massage que maman m'avait offert à Noël. Je me sens revivre (ou presque: manquent quelques heures de sommeil).

Je pensais avoir le soleil, mais il fait gris. Je deviens comme tous ces parisiens vivant dans le mythe qu'il fait toujours beau dans le sud.